21 nov. 2008

Révolution A-sexuelle - Brock University, janvier 2008

A-sexual revolution: A growing asexual community calls attention to asexuality research
Courtney Kaminski
The Brock Press (Université de Brock, Ontario, Canada)
29 janvier 2008

Titre : "Révolution A-sexuelle : Une communauté asexuelle en augmentation attire l'attention de la recherche sur l'asexualité"

Depuis 1948 avec l'échelle de Kinsey, la recherche sur la sexualité reconnaît l'existence de l'asexualité auprès des autres orientations sexuelles, mais ne s'est cependant pas vraiment penchée sur la question. L'impact social des personnes non intéressées par le sexe a toujours été considéré comme négligeable, mais maintenant qu'une communauté se fait entendre, il y a une prise conscience de l'importance et de l'intérêt que présentent les asexuels.

Bien que certains sexologues et spécialistes des sciences sociales diffèrent sur ce que recouvre le terme 'asexualité', Anthony Bogaert la définit comme une absence d'attirance sexuelle. Cela inclut des gens qui n'ont aucun désir sexuel, des gens qui n'éprouvent aucun intérêt pour le sexe, ou des gens pourvus d'une libido mais sans que celle-ci soit dirigée vers autrui. La sexualité est un spectre comprenant beaucoup de variations, et il en est de même pour l'asexualité : certains sont réfractaires au sexe, d'autres le considèrent comme un besoin physiologique et pratiquent la masturbation sans ressentir de désir pour quiconque, certains ont le béguin pour d'autres, certains fantasment sur des célébrités, tandis que d'autres ont des relations sexuelles pour satisfaire leur partenaire.

L'étude de Bogaert publiée en 2004 est le premier essai d'estimation du nombre d'asexuels dans la population. Sur un échantillon de plus de 18000 personnes interrogées, 1,05 % a répondu de façon affirmative à la question "Je n'ai jamais ressenti d'attirance sexuelle pour personne". Le chiffre est légèrement inférieur à celui des personnes se disant homosexuelles (1,11 %). Bien que non absolu, ce chiffre est un bon point de départ pour estimer le nombre d'asexuels dans le monde. Les raisons sont à la fois biologiques et psycho-sociales ou socio-culturelles, d'après le chercheur.

Bien qu'ils aient plus de probabilités d'être seuls, un certain nombre d'asexuels vivent cependant en couple. Beaucoup d'asexuels ressentent une attirance amoureuse pour d'autres, et souhaitent connaître une intimité sentimentale et parfois même passionnelle, mais sans ressentir le besoin de couronner cette intimité d'un contact sexuel. Les discussions sur les forums d'asexuels, sur asexuality.org, montrent que les asexuels sont autant concernés que les sexuels par les relations amoureuses, le consensus général étant que l'amour et le sexe sont deux concepts différents, le premier ne menant pas forcément au deuxième.

Que le sexe soit nécessaire pour être heureux est le plus lourd préjugé que les asexuels ont à combattre. Ceci explique pourquoi ils sont vus comme des personnes détraquées et pourquoi la recherche s'est peu intéressée à eux, souligne David Jay, le créateur d'Aven, le principal réseau d'asexuels dans le monde.

Le mot 'asexuel' n'a commencé à être utilisé que récemment, mais beaucoup de gens ignorent qu'ils pourraient s'identifier ainsi. Pour Bogaert, la pression sociale est telle que beaucoup d'asexuels essaient de se conformer à l'image hétérosexuelle dominante, en s'obligeant à un comportement sexuel avant de finir par réaliser qui ils sont.

Le souci majeur parmi les asexuels est la façon dont ils sont vus par le corps médical. Actuellement, un asexuel prend un gros risque en allant chez un thérapeute car selon son opinion de l'asexualité, celui-ci pourra soit penser que c'est une orientation valide, soit essayer de "guérir" la personne.

Le réseau d'Aven, dont l'un des buts est de faciliter le travail des chercheurs, relie une forte communauté d'asexuels avec le milieu de la recherche et collecte les données académiques sur l'asexualité. Une recherche approfondie de l'asexualité permettrait de demander aux associations médicales de valider l'asexualité comme une orientation sexuelle comme les autres et ainsi, de l'inclure dans les cours d'éducation sexuelle. Des études comparant asexuels et sexuels permettrait aussi de mieux connaître les asexuels, en particulier en ce qui concerne les relations amoureuses et intimes.